The Clash
groupe rock UK (Londre)
Extrait de l'Emission "Zack and Judy" sur Radio Saint Ferréol avec Eric Duchateau
The Clash | Podcast
Je ne vais pas vous refaire toute l’histoire du groupe ce soir, vous la connaissez pour la plupart ; on va plutôt essayer de voir comment les Clash sont un groupe de leur époque, mais de notre époque aussi, comment ils ont donné une âme au mouvement punk et en quoi leur message est toujours actuel. Les Clash, c’est Topper Headon à la batterie, Paul Simonon à la basse, Mick Jones à la guitare et Joe Strummer à la guitare rythmique et au chant. Allez, on commence par le tout début en écoutant la démo faite pour le label Polydor le 5 janvier 1977 par leur ingé son live Mickey Foote.
2----------- I’m so bored with the USA 2’41
Ce qui est intéressant ici, c’est qu’à l’origine, les paroles écrites par Mick Jones le guitariste étaient « I’m so bored with You » et que Joe Strummer a ajouté « S A ». De fait, au lieu de parler de quelqu’un, les Clash vont parler du monde ; ils vont sortir de l’Angleterre pour élargir leur propos. C’est fondateur, et durant toute leur existence ils proposeront une vision alternative au libéralisme économique (Career opportunities, Clampdown, Know your rights). C’est aussi un groupe extrêmement ouvert à son environnement, aux communautés avec lesquelles ils partagent leur quotidien et notamment les migrants des West Indies, Jamaïque en particulier. Ils ont capté le son de Notting Hill pour en donner leur interprétation qui n’est pas celle de Police avec leur reggae blanc mais plutôt celle d’un combat et d’un destin commun ; ils vont rapprocher les rastas des punk en poussant ces derniers à se révolter en prenant exemple sur les blacks. Allez voir la pochette de l’album Black Market et vous comprendrez, on y voit un rasta (Don Letts videaste) face à un barrage policier. Ecoutez aussi White Riot, tout est dit. Nous on va écouter Armagideon Times dans sa version du live for Kampuchea de décembre 1979 à l’Hammersmith Odeon pour illustrer le propos ; c’est la reprise du titre de Willi Williams c’est un de mes préférés, ça pulse comme à Kingston. 3------------Armagideon Times. Les Clash vont démontrer durant leur 5 années d’existence que le punk n’est pas une musique mais qu’il est un état d’esprit avant tout et ça leur permet d’aborder tous les styles musicaux en conservant intact la rage et la colère, ça permet surtout de sortir des carcans dans lesquels on veut mettre le punk pour s’ouvrir à toutes les possibilités et parler à tout le monde. C’est pas évident pour ceux dont l’anglais n’est pas la langue maternelle et il faut faire l’effort de traduire les paroles pour que le message prenne tout son sens. Nous allons écouter Hateful (sur l’album London Calling.), le son n’a rien à voir avoir les autres groupes punk du moment, les Clash sont à des kilomètres devant.
4---------Hateful 1979
Le titre s’appuie sur une rythmique à la Bo Diddley et parle des relations d’un drogué avec son dealer. J’en profite pour évoquer à travers cette chanson le combat des Clash contre toute forme de prise de pouvoir sur l’individu, la drogue y compris, ça coûtera d’ailleurs sa place à Topper. Le groupe milite pour un contrôle total sur nos vies en opposition aux refuges qu’avaient trouvé les hippies dans le flower power et les paradis artificiels; au Peace and Love, ils vont opposer un Hate and War bien plus réaliste du monde dans lequel ils vivent. Le punk c’est une prise direct avec le réel. Comment parler des Clash sans parler de London Calling ; l’album est fabuleux, il revisite toute l’histoire du rock en quatre faces, à la demande du groupe il a été vendu au prix d’un simple album pour permettre à tous de l’acheter. Le mix réalisé par Bill Price au Wessex Studio est un modèle du genre ; c’est le mien en tout cas. Pour faire un aparté, vous retrouverez exactement ce son si vous écoutez le premier album des Blessed Virgin, groupe de rock français. Mais revenons au Clash, c’est le titre éponyme qui nous intéresse ici ; allez on vous passe la version live survitaminé du Live au Shea Stadium en 1982.
5-----------London Calling
La chanson fait suite à la catastrophe nucléaire survenue à Three Miles Island aux Etats Unis au printemps 79. On voit ici que le groupe se préoccupe de l’environnement bien avant que ce thème devienne l’urgence qu’on sait, la description de Londres est apocalyptique, le rythme est martelé au pas de charge, comme un clou sur lequel on cogne. London Calling c’est l’appel du 18 juin adressé aux rockers monde entier. Puisqu’on parle de préoccupations actuelles, on pourrait parler des violences policières, on pourrait parler des quartiers défavorisés et du contrôle au faciès. Eh bien ici encore, ce thème est abordé dans Guns of Brixton en s’attachant au sort particulier réservé aux Jamaïcains. Le morceau est composé et chanté par le bassiste Paul Simonon, la ligne de basse est inspirée et rend le morceau immédiatement reconnaissable dès l’intro.
6------------Guns of Brixton
Si aujourd’hui la provocation de Never Mind the Bollocks des Sex Pistols a largement été digérée par l’industrie musicale, voire récupérée par la publicité, c’est parce que cet album ne propose pas plus qu’un crachat, il n’a pas d’autres ambitions. Le cas des Clash est très différent, au nihilisme ils opposent un engagement très marqué à gauche avec des charges féroces contre le libéralisme de Thatcher et le destin tracé de la classe ouvrière condamnée à alimenter les usines sans espoir d’échapper à sa condition. On pourrait penser qu’il s’agit d’une posture, mais le groupe à vécu avec des moyens financiers dérisoires, ils ont bataillé pour que le prix de leur disque soit accessible ; durant leurs concerts ils n’ont jamais hésité à faire entrer par la petite porte les fans désargentés. Lorsque Thatcher déclare « there is no alternative » en parlant du libéralisme économique Joe Strummer va haranguer le public pour qu’il refuse d’accepter ça comme une fatalité. J’avais deux morceaux en tête pour vous illustrer ces prises de positions, The Prisonner et Clampdown ; nous allons vous passer ce dernier dans sa version live car il est particulièrement combatif. La descente chromatique de l’intro est une descente aux enfers. Montez le son !!!!!
7------------Clampdown.
Nous sommes au point de l’émission où il va nous falloir aborder le cas de Sandinista, triple album sorti en 1980 et vendu ici encore au prix d’un simple ; ce qui devrait clouer le bec aux détracteurs qui pensent qu’il y a quatre faces de trop, mais où est le vol ???? Je vous avais parlé d’ouverture musicale ? on est en plein dedans, d’engagement politique ? le titre de l’album est un indice, il parle de la révolution Sandiniste au Nicaragua ! C’est un drôle d’objet musical ; il a décontenancé tout ceux qui n’avaient pas compris le refus des Clash de s’enfermer dans une chapelle. Tout va y passer, funk, rockabilly, gospel, reggae dub et rock bien sûr et le tout au service d’un rock plus engagé que jamais. Engagé ne veut pas dire dupe pour autant, Strummer renvoie dos à dos Américains et Soviétiques et dénonce l’impérialisme des deux dans le titre que nous allons vous passer, avec pour la seule fois au chant le batteur Topper Headon.
8-----------Ivan meets GI Joe
Sandinista a su capter la pulse de New York et des sons nouveaux, le rap à fait son apparition avec le titre fondateur Rapper's Delight de Sugarhill Gang en 79, ils vont donc intégrer ce courant musical pour donner le morceau sans doute le plus connu de Sandinista : Magnificent Seven en y donnant une fois de plus du sens. Le morceau parle de la journée d’un trader speedé et d’une vie à la recherche du profit à tous prix. Allez go !!!
9----------Magnificent Seven
Il faut savoir que durant toute ces années, c’est-à-dire de 1976 à 1982, les Clash n’ont cessé de tourner, d’enregistrer sans temps mort, sans jamais prendre de vacances ; en 1982 la fatigue se fait sentir, Combat Rock, l’ultime album du Clash original va naître dans des conditions difficiles. Mick Jones voulait en faire un double album alors que les autres membres du groupe préféraient plutôt un simple resserré sur les meilleurs titres, son mix original connu sous le nom de Rat Patrol from Fort Bragg sera écarté pour être remixé et à la demande de Strummer et Simonon. Le producteur des premiers albums des Clash, Bernie Rhodes, sera rappelé aux manettes. Ce dernier est connu pour sa vision stalinienne du management, ce qui ne convient ni à Mick ni à Topper. C’est un album cinématographique, hanté par les ravages de la guerre du Viet-Nam et du film Apocalypse Now (qui avait déjà fait l’objet du titre Charlie don’t Surf sur Sandinista). Il y a des références aussi à Taxi Driver dans le titre Red Angel Dragnet où on peut entendre des extraits de dialogues du film. C’est pourtant un album qui va propulser le groupe au rang de star internationale, après cinq années de travail acharné, avec des morceaux comme Rock the Casbah et Should I Stay or Should I Go. Mais Strummer a de plus en plus de mal à gérer ses contradictions et a le sentiment d’être devenu peu à peu ce qu’il détestait, c’est-à-dire un de ces dinosaures du rock comme les Stones ou les Who, ce qui lui est insupportable au nom de l’idée qu’il se fait du punk en particulier et du star system en général. C’est tout le paradoxe des Clash, comment s’adresser au monde entier, tourner aux States, au Japon, en Europe sans jamais devenir une caricature ni vendre son âme. C’est le moment d’une page de pub
10-----------2000 Flushes
Vous vous demandez ce que ça fout là hein ??!! c’est une pub pour un produit à chiotte, elle est insérée dans le morceau Inoculated City, il existe une version de l’album ressorti en 1986 ou la pub a été retirée suite à la plainte de la société qui vend ces merveilles. La chanson parle d’une guerre lointaine sans fin, ce petit bout de pub est là pour souligner à quel point les gens s’en foutent de ce qui se passe ailleurs, seul leur quotidien les intéresse. On va écouter la toute première version tirée de Rat Patrol, différente de la version remixée pour album.
11------------Inoculated City 4’36
Je crois qu’on arrive au terme de l’émission. Alors au final, c’est quoi l’éthique punk selon Joe Strummer et les Clash ? et bien c’est militer pour une alternative, c’est le contrôle de nos vies, c’est mettre l’être humain au centre de tout, c’est l’intégrité morale et artistique et enfin c’est une ouverture sur le monde et toutes les formes de musique. Trois fois merci à Zack et Judie pour m’avoir accueilli dans leur émission et vous faire partager mon amour persistant pour ce groupe. Si vous voulez prolonger l’émission par un peu de lecture, je vous recommande le très beau livre « The Clash » sorti aux édition « Au diable Vauvert » et un roman autour du groupe, « incandescents « de Frode Grytten. Vous pouvez aussi voir en dvd « Rude Boy » qui est un docu fiction autour du groupe et enfin « The Future is Unwritten » qui retrace tout le parcours du groupe. Un petit dernier ? Alors ce sera Complete Control, une règle de vie, la mienne à coup sûr.
12------------Complete Control
Eric Duchateau | mystery train studio